Après un siècle au cours duquel deux ressources, le pétrole et la finance, ont contribué pour beaucoup à transformer radicalement les rapports de l’homme à la nature, nous voilà confrontés aux limites physiques d’une croissance économique sans précédent, assortie de dumping social et environnemental.
Face à ce mode de développement linéaire qui provoque la rapide raréfaction de nombreuses ressources, une logique élémentaire voudrait que l’on puisse élaborer une vision plus globale et plus collective du développement, à travers une « conception non-prométhéenne du progrès »4. Michel Serres appelle à une troisième révolution sur la Terre5 et Joseph Stiglitz part à la rencontre d’« Un autre monde »6.
Le temps est venu de repenser nos rapports à la problématique des ressources dans leur ensemble, mais également à des biens publics et à des services que le marché ne peut pas rendre : accès universel à ces biens et à des droits fondamentaux (éducation, santé, qualité de la vie, accès aux savoirs / culture, aux logiciels, aux réseaux sociaux, etc). Dans cette démarche, les scientifiques, au sens large, peuvent contribuer à baliser la voie car, par la nature même de leur métier, ils tendent à penser le long terme et à transgresser les frontières entre disciplines (voir par exemple le site internet du programme ERC « Lascaux » , http://www.droit-aliments-terre.eu et le blog http://leblogdefrancoisdutilleul.blogspot.com).
La nouvelle ENS de Lyon s’engage ainsi avec force dans la mise en valeur de son potentiel interdisciplinaire en créant « l’Institut Interdisciplinaire Ressources et Biens Publics » afin de pérenniser la démarche et les résultats du colloque.
Concrètement, si la compréhension et l’optimisation de toutes les ressources représentent des tâches de première urgence, la mise en phase de vastes ensembles de ressources optimisées afin d’assurer leur gestion raisonnée et intégrée constitue un vrai défi sociétal. Ce défi nécessite une convergence des savoirs et la réciprocité des savoir-faire ; c’est dans cette inter-fertilité du concret et des concepts que peuvent surgir les nouveaux espaces, comme ceux de la redéfinition des périmètres des biens publics, d’une justice plus globale dans leur allocation, de la gestion raisonnée et intégrée de l’ensemble des ressources.
C’est la raison pour laquelle, à présent, cette problématique doit être placée en amont de tous les autres grands enjeux (biodiversité, réchauffement / dérèglement climatique, crise énergétique etc.), qu’elle peut inclure et auxquels elle apporte des fondements indispensables.
Cet engagement est une invitation : que des enseignants chercheurs, toutes disciplines confondues, s’associent au groupe de travail lyonnais sur la vaste problématique des ressources afin d’adapter leurs usages à une vision du monde plus humaine, plus durable, moins inégalitaire, plus respectueuse de l’environnement.
Chollet M., Le Monde diplomatique sept. 2009, p23
La 3e révolution sur la Terre ou le non-dit du Monde, La Recherche / Le Monde, nov-déc 2009 Hors Série, pp 94-98 et Temps des crises, 2009, Le Pommier
Un autre monde, contre le fanatisme du marché, Fayard 2006
Chollet M., Le Monde diplomatique sept. 2009, p23
La 3e révolution sur la Terre ou le non-dit du Monde, La Recherche / Le Monde, nov-déc 2009 Hors Série, pp 94-98 et Temps des crises, 2009, Le Pommier
Un autre monde, contre le fanatisme du marché, Fayard 2006