IUF 20 ans
 

Ressources immu­ni­tai­res innées

Eric Vivier

Université Aix-Marseille 2.

L’appa­ri­tion d’orga­nis­mes mul­ti­cel­lu­lai­res est une étape mar­quante de l’évolution du vivant. Cette mul­ti­cel­lu­la­rité s’est accom­pa­gnée d’une spé­cia­li­sa­tion cel­lu­laire per­met­tant l’acqui­si­tion de nou­vel­les fonc­tions bio­lo­gi­ques. Toutes les cel­lu­les ont des res­sour­ces auto­no­mes de réponse à dif­fé­rents stress, qui peu­vent être de nature phy­si­que (UV, cha­leur, …), chi­mi­que (modi­fi­ca­tions du pH, de l’osmo­la­rité,..), micro­bienne ou allo­gé­ni­que. La mul­ti­cel­lu­la­rité a conduit à l’appa­ri­tion de cel­lu­les spé­cia­li­sées dans l’aide appor­tée à d’autres cel­lu­les dont les pro­prié­tés de réponse au stress ne sont pas com­pa­ti­bles avec le main­tien de l’inté­grité de l’orga­nisme. L’ensem­ble des res­sour­ces don­nées par ces cel­lu­les spé­cia­li­sées forme le sys­tème immu­ni­taire. La réponse immu­ni­taire s’orga­nise grâce à deux sys­tè­mes com­plé­men­tai­res : le sys­tème immu­ni­taire inné et le sys­tème immu­ni­taire adap­ta­tif. La réponse immu­ni­taire adap­ta­tive des ver­té­brés est due aux lym­pho­cy­tes T et B qui reconnais­sent un réper­toire colos­sal d’anti­gè­nes par leurs récep­teurs pro­duits d’une com­bi­na­toire de réar­ran­ge­ments géni­ques. Le sys­tème immu­ni­taire inné est pré­sent chez tous les méta­zoai­res et se carac­té­rise par une dua­lité fonc­tion­nelle. D’un côté, les cel­lu­les de l’immu­nité innée peu­vent exer­cer un rôle effec­teur direct contre les « agres­seurs » de l’orga­nisme (ex : pro­duc­tion d’inter­fé­rons de type I, cyto­toxi­cité), de l’autre, elles ini­tient et orien­tent la réponse immu­ni­taire adap­ta­tive (ex : pré­sen­ta­tion de l’anti­gène, pro­duc­tion de cyto­ki­nes et chi­mio­ki­nes). L’impor­tance de l’immu­nité innée dans la réponse anti-infec­tieuse n’est plus à démon­trer. Ainsi, de nom­breux récep­teurs de sur­face ont été iden­ti­fiés, qui per­met­tent aux cel­lu­les de l’immu­nité innée de reconnaî­tre des pro­duits de micro­bes (ex : Toll-like recep­tors). Ces récep­teurs sont carac­té­ri­sés par leur conser­va­tion phy­lo­gé­né­ti­que, qui témoi­gne de leur sélec­tion au cours de l’évolution des méta­zoai­res. Cependant, les rôles de l’immu­nité innée dans les méca­nis­mes de défense de l’orga­nisme contre les patho­lo­gies tumo­ra­les, dans les réac­tions allo­gé­ni­ques et dans l’homéo­sta­sie glo­bale de l’orga­nisme ne sont encore que par­tiel­le­ment com­pris. Au sein du sys­tème immu­ni­taire inné, les cel­lu­les NK repré­sen­tent à cet égard un type cel­lu­laire par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant. En effet, les cel­lu­les NK sont des lym­pho­cy­tes qui ont été carac­té­ri­sés dès leur mise en évidence par leur pro­priété de cyto­toxi­cité anti-tumo­rale, ainsi que dans le rejet de gref­fes allo­gé­ni­ques. L’ini­tia­tion de thé­ra­pies inno­van­tes basées sur la mani­pu­la­tion des sys­tè­mes de reconnais­sance NK à des fins anti-tumo­ra­les, apporte la preuve de prin­cipe que l’explo­ra­tion du rôle et des fonc­tions NK conduit à des appli­ca­tions cli­ni­ques. Ce sont ces res­sour­ces immu­ni­tai­res innées, illus­trées par l’étude des cel­lu­les NK qui seront pré­sen­tées.