Université de Nantes.
A partir d’une recherche en cours sur les salariées de la petite enfance (enquête ethnographique dans une crèche, entretiens approfondis avec des assistantes maternelles en Loire-Atlantique), j’explorerai les ressources que des femmes peu diplômées tirent du travail de prise en charge des jeunes enfants. Je montrerai que la sociologie du travail est attentive à la diversité des ressources tirées de l’activité professionnelle—depuis les ressources financières jusqu’aux ressources symboliques et culturelles en passant par les ressources sociales—et ce y compris quand elle s’intéresse à des activités peu rémunérées et peu prestigieuses, situées au bas de la hiérarchie des métiers. Cela permet d’interroger une image misérabiliste du travail de care qui tend à le réduire à l’expérience de la précarité et de l’exploitation. Globalement faibles, les salaires tirés de cette activité sont surtout inégaux et instables. En plaçant au centre de l’attention les pratiques concrètes de travail et les trajectoires sociales et professionnelles, on peut interroger le sens que revêtent pour les femmes concernées ces gains financiers tout en mettant au jour d’autres ressources puisées dans la garde des enfants. Il est alors possible de réinterroger les mécanismes de dissimulation et d’illégitimation des ressources financières au profit des ressources symboliques, toujours mises en avant, et d’examiner comment celles-ci entrent en contradiction, coexistent et se combinent.
Using fieldwork in a childcare center and in-depth interviews with childminders in Loire-Atlantique (an area located in the west of France) as my starting point, I will explore the resources that women with few qualifications find in childcare work. I will show that the sociology of work takes into account the diversity of the resources provided by paid work (financial resources of course but also social and symbolic resources) even when studying the low paid and less prestigious jobs, located at the bottom of the professional hierarchy as childcare jobs are. Being attentive to the diverse resources associated with work allows us to question the pessimistic image of the care workers which often tends to reduce this activity to precariousness and exploitation. The wages are generally low but they are mostly unstable and uneven. By focusing on the concrete work practices and the social and professional trajectories, one can study the meaning of these modest financial gains for the women involved while exposing other kinds of resources associated with childcare work. From there, one can explore how, in the case of paid childcare, financial resources are hidden and denied whereas symbolic gains are always highlighted.