IUF 20 ans
 

Quelles res­sour­ces pro­cure le tra­vail de care ? Une enquête auprès de sala­riées de la petite enfance

Marie Cartier

Université de Nantes.

A partir d’une recher­che en cours sur les sala­riées de la petite enfance (enquête eth­no­gra­phi­que dans une crèche, entre­tiens appro­fon­dis avec des assis­tan­tes mater­nel­les en Loire-Atlantique), j’explo­re­rai les res­sour­ces que des femmes peu diplô­mées tirent du tra­vail de prise en charge des jeunes enfants. Je mon­tre­rai que la socio­lo­gie du tra­vail est atten­tive à la diver­sité des res­sour­ces tirées de l’acti­vité pro­fes­sion­nel­le—­de­puis les res­sour­ces finan­ciè­res jusqu’aux res­sour­ces sym­bo­li­ques et cultu­rel­les en pas­sant par les res­sour­ces socia­les—et ce y com­pris quand elle s’inté­resse à des acti­vi­tés peu rému­né­rées et peu pres­ti­gieu­ses, situées au bas de la hié­rar­chie des métiers. Cela permet d’inter­ro­ger une image misé­ra­bi­liste du tra­vail de care qui tend à le réduire à l’expé­rience de la pré­ca­rité et de l’exploi­ta­tion. Globalement fai­bles, les salai­res tirés de cette acti­vité sont sur­tout iné­gaux et ins­ta­bles. En pla­çant au centre de l’atten­tion les pra­ti­ques concrè­tes de tra­vail et les tra­jec­toi­res socia­les et pro­fes­sion­nel­les, on peut inter­ro­ger le sens que revê­tent pour les femmes concer­nées ces gains finan­ciers tout en met­tant au jour d’autres res­sour­ces pui­sées dans la garde des enfants. Il est alors pos­si­ble de réin­ter­ro­ger les méca­nis­mes de dis­si­mu­la­tion et d’illé­gi­ti­ma­tion des res­sour­ces finan­ciè­res au profit des res­sour­ces sym­bo­li­ques, tou­jours mises en avant, et d’exa­mi­ner com­ment celles-ci entrent en contra­dic­tion, coexis­tent et se com­bi­nent.

What resources does care work provide ? An ethnographic study of childcare sector employees

Using field­work in a child­care center and in-depth inter­views with child­min­ders in Loire-Atlantique (an area loca­ted in the west of France) as my star­ting point, I will explore the resour­ces that women with few qua­li­fi­ca­tions find in child­care work. I will show that the socio­logy of work takes into account the diver­sity of the resour­ces pro­vi­ded by paid work (finan­cial resour­ces of course but also social and sym­bo­lic resour­ces) even when stu­dying the low paid and less pres­ti­gious jobs, loca­ted at the bottom of the pro­fes­sio­nal hie­rar­chy as child­care jobs are. Being atten­tive to the diverse resour­ces asso­cia­ted with work allows us to ques­tion the pes­si­mis­tic image of the care wor­kers which often tends to reduce this acti­vity to pre­ca­rious­ness and exploi­ta­tion. The wages are gene­rally low but they are mostly uns­ta­ble and uneven. By focu­sing on the concrete work prac­ti­ces and the social and pro­fes­sio­nal tra­jec­to­ries, one can study the mea­ning of these modest finan­cial gains for the women invol­ved while expo­sing other kinds of resour­ces asso­cia­ted with child­care work. From there, one can explore how, in the case of paid child­care, finan­cial resour­ces are hidden and denied whe­reas sym­bo­lic gains are always high­ligh­ted.