Université de Haute-Alsace.
Cette contribution se veut une relecture de nos connaissances sur les concentrations métallifères, leur découverte et leur exploitation de la Protohistoire à nos jours. Elle apporte des regards croisés, celui du géologue qui situe ces accidents dans le patchwork des formations de la croûte terrestre, du métallogéniste qui s’efforce d’en comprendre la genèse, de l’historien économiste, de l’historien des sociétés, de l’historien des techniques et de l’archéologue qui inscrit ce thème dans une forme très particulière d’archéologie industrielle. Mais surtout, ces approches seront mises en perspective avec l’évolution de la pensée humaine : comment percevait-on les métaux chez les Grecs, à l’époque des humanistes, au Siècle des lumières ? Comment se représentait-on leur genèse, et comment s’immerger dans les cheminements du penseur à l’époque d’Albert-le-Grand, d’Agricola, de l’Encyclopédie, en se dégageant du frein conceptuel que représente la connaissance d’aujourd’hui ? Pourquoi les techniques de la prospection, de l’extraction et de la métallurgie atteignent-elles un tel raffinement, un quotidien des hommes de la pratique qui paraît si décalé par rapport à l’avancement de la connaissance scientifique, avant la grande révolution de l’oxygène ? Peut-on écrire de tels scénarios ? Pour les temps plus contemporains, on conduira la réflexion sur l’impact du patrimoine naturel (ou des caprices de la Nature ?) sur les logiques – artisanat ou industrie – et les tribulations des exploitations minières assujetties aux paramètres géographiques, climatiques, sociaux, juridiques, et à l’environnement économique… à travers une itinérance qui pourra nous conduire de la Californie au Comstock puis en Afrique du Sud. A-t-on tout découvert, quels sont les enjeux actuels ? Autour de l’objet que constituent l’enveloppe des non-ferreux, avec un accent particulier porté sur les métaux précieux, nous interrogerons les relations tripartites entre science, technique et sociétés dans une perspective diachronique très large et dans une approche résolument interdisciplinaire.
This paper will re-examine our knowledge of metal concentrations, their discovery and their exploitation from the protohistoric period up to today. It will include a broad range of approaches ; the geologist’s viewpoint, which locates these accidents within the patchwork of the Earth’s crust formations, that of the metallogenist who strives to understand their genesis, those of the economic, social and technological historians and finally that of the archaeologist, who studies this question within the framework of a very specific type of industrial archaeology. More importantly, these approaches will be considered within the context of the evolution of human thought : how were metals understood in Greek Antiquity, during the humanist period or in the Age of Enlightment ? What were the dominant theories about the genesis of metals ? How do we break free from the confines of modern knowledge in order to retrace the steps of the scholar at the time of Albert-le-Grand, Agricola or the Encyclopedia ? How did prospecting, extraction and metallurgy techniques become so sophisticated, making their practitioners’ everyday life appear so out of keeping with the state of scientific knowledge before the great oxygen revolution ? How accurately can modern scholars address these issues ?
When looking at more recent times, I will attempt to reflect on the impact of natural resources (or of the quirks of nature ?) on the strategies of craftsmen and industrialists faced with the effects of geographic, climatic, social, legal and economic factors on mining. This will lead us on a journey from California to the Comstock and even to South Africa.
Is there anything left to be discovered ? What are the main issues at the moment ? With a basis in the study of the non-ferrous pack, with a particular emphasis on precious metals, we will examine the interaction between science, technology and society in a wide diachronic perspective and with a clearly interdisciplinary approach.