IUF 20 ans
 

Les enjeux ali­men­tai­res du com­merce inter­na­tio­nal des res­sour­ces natu­rel­les

Francois Collart Dutilleul

Université de Nantes.

Les ques­tions de l’accès aux res­sour­ces natu­rel­les, de leur uti­li­sa­tion, de leur répar­ti­tion ou de leur com­mer­cia­li­sa­tion condi­tion­nent tout à la fois la sécu­rité ali­men­taire, la pro­tec­tion de l’envi­ron­ne­ment et le déve­lop­pe­ment économique. Or, qu’il s’agisse de ce que la terre recèle ou de ce qu’elle pro­duit, la répar­ti­tion des res­sour­ces natu­rel­les dans le monde ne coïn­cide ni avec la carte des besoins ali­men­tai­res, ni avec celle du déve­lop­pe­ment. On peut d’ailleurs en faire l’amère cons­ta­ta­tion en consi­dé­rant les échecs ou demi-échecs des trois gran­des négo­cia­tions inter­na­tio­na­les : celle de la FAO sur la sécu­rité ali­men­taire, celle de l’OMC sur le com­merce inter­na­tio­nal des pro­duits agri­co­les et celle du GIEC sur le réchauf­fe­ment cli­ma­ti­que. En réa­lité, ces trois négo­cia­tions, qui s’ins­cri­vent ensem­ble dans une stra­té­gie de déve­lop­pe­ment dura­ble n’abou­ti­ront que si, au-delà des appro­ches économiques, scien­ti­fi­ques et poli­ti­ques, on cher­che aussi à com­pren­dre les causes juri­di­ques des blo­ca­ges.

La ques­tion com­mune à ces trois négo­cia­tions est celle de la voie à suivre pour penser un droit des res­sour­ces natu­rel­les qui per­mette de garan­tir sur l’ensem­ble des conti­nents la sécu­rité ali­men­taire des popu­la­tions. Cette sécu­rité sup­pose que la voca­tion agri­cole et ali­men­taire de la terre soit pré­ser­vée, que les pay­sans aient accès à cette terre pour en vivre digne­ment avec leur famille et que l’accès de chacun à une ali­men­ta­tion suf­fi­sante et saine soit assuré.

Aucun de ces objec­tifs ne pourra être appro­ché sans que le droit, dont c’est la fonc­tion pre­mière, véhi­cule les valeurs que la société déci­dera de se donner à elle-même. Entre la loi et le contrat, entre la sécu­rité col­lec­tive et la liberté indi­vi­duelle, entre la sou­ve­rai­neté des Etats et la mon­dia­li­sa­tion des échanges, il y a à ima­gi­ner un droit huma­niste pour aider la Terre à nour­rir l’Humanité.

The challenge of food in the international trade in natural resources The food stakes of the international natural resources trade

The ques­tions of access to natu­ral resour­ces, their use, repar­ti­tion or com­mer­cia­li­za­tion concern the areas of food safety, pro­tec­tion of the envi­ron­ment and eco­no­mic deve­lop­ment. But whe­ther we look at what the land offers or pro­du­ces, the repar­ti­tion of natu­ral resour­ces around the world coin­ci­des nei­ther with the map of food needs nor the map of deve­lop­ment.

This is bit­terly obvious in light of the latest fai­lu­res, or at least par­tial fai­lu­res, of the three main inter­na­tio­nal nego­tia­tions : the FAO Summit on food safety, the WTO Doha Round on inter­na­tio­nal agri­cultu­ral trade and the nego­tia­tions of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). In fact, these three nego­tia­tions, which are part of a global stra­tegy of sus­tai­na­ble deve­lop­ment, will only suc­ceed if we not only take into account the eco­no­mic, scien­ti­fic and poli­ti­cal aspects but also try to com­pre­hend the judi­cial causes of the pro­blems.

The issue common to the three nego­tia­tions is that of fin­ding the appro­priate way to deter­mine a law on natu­ral resour­ces that pre­ser­ves food safety on every conti­nent. This safety sup­po­ses that the agri­cultu­ral and fee­ding pur­po­ses of the land be main­tai­ned, that far­mers and their fami­lies can access the land and live decently from it and that access to heal­thy food in suf­fi­cient supply be gua­ran­teed to eve­ryone.

None of these objec­ti­ves will be achie­ved unless the law conveys the values that society will choose for itself. Between the law and the contract, bet­ween col­lec­tive secu­rity and indi­vi­dual free­dom or bet­ween State sove­rei­gnty and glo­ba­li­za­tion of trade, one must conceive of a huma­nist law to help the Earth to feed Humanity.